9 mai 2025

Invitation au mariage de Roxanne

Brugge, le 9 mai 2025

 

 

Bonjour Véronique,

Ce message, je l’ai commencé bien des fois…
Il m’a suivi de façon constante : au petit-déjeuner, dans mon minibus, pendant mes promenades, à vélo, sur la terrasse d’un café… et même au lit, durant mes nuits d’insomnie.
Toujours avec l’idée de te l’envoyer pour le 9 mai.

Il n’en a rien été. La date butoir de mon anniversaire devait y être pour quelque chose.

Les mots venaient, repartaient…
Une phrase devenait un roman, puis s’effaçait, ne laissant plus que quelques lignes.


Trouver les mots justes pour toi, c’est comme chercher un grain de sable perdu dans ta serviette de bain à Koh Tao.
Les mots sont là, mais insaisissables, non structurés.

 

Alors j’abandonne, pour le moment, l’intention du message initial et continue avec tout autre chose.

 

Le 1er mars dernier, en triant les dernières affaires restées dans la maison de nos parents à Boechout, un autre chapitre de notre vie familiale se refermait doucement, avec une dernière surprise :

Dans une de mes deux armoires au grenier, dans un petit sac en tissu usé et sans prétention, je retrouvais un petit objet noirci.
Après plusieurs passages sous ma brosse à dents avec un peu de dentifrice, une nuit dans un évier rempli de différentes poudres savonneuses, puis un passage dans le lave-vaisselle…

Un cadeau que je t’avais réservé, jadis, réapparaissait.

 

Je souhaitais, en 1987, te l’offrir avant mon mariage, pour que tu ne m’oublies jamais complètement.
J’étais aussi amoureux de toi.

L’occasion ne s’est jamais présentée, et je m’apprêtais à l’époque à entrer dans une vie exigeante, cadrée, faite de discipline et de bien plus de stress que je n’aurais cru possible de supporter — celle que tu connais sûrement parfois, au cours de tes huit heures de service hospitalier.

Trente années ont passé depuis, et pourtant…
Lorsque mes doigts ont effleuré cet objet oublié, mes souvenirs sont remontés petit à petit.
J’ai senti mes mains trembler, mon cœur s’emballer, une émotion inattendue me traverser :

Comment avais-je pu oublier ?

Ce petit trésor vient du Mali, de l’été 1987.
J’y avais fait graver la première lettre de ton prénom.

Tu vois, Véronique, mes pensées te dérangent peut-être, tu n’aimes pas forcément cela, mais mes sentiments pour toi ne sont pas nés d’hier.
Ils remontent à un temps où le monde n’était pas encore numérique,
où l’amour s’écrivait sur du papier,
et se gravait parfois dans le bois ou le métal.

Et un jour, après trente ans de silence, nos chemins se sont croisés à nouveau.
Je me souviens de ce jour à Ikea comme si c’était hier.
Depuis l’été 1987, j’attendais cela.
Te revoir. Te retrouver.

Puis il y a eu cette soirée douce,
un dîner de spaghettis partagé dans une lumière intime,
et cette jolie chambre que tu avais réservée avec tendresse, à Roeselare.

Tu voulais faire l’amour, mais ton corps, ce soir-là, ne suivait pas.
Et tu t’en excusais. 

Mais pour moi, il n’y avait rien à pardonner.
Tu étais là, avec moi, peau contre peau.
Et c’était tout.
C’était tout ce dont j’avais besoin.

Plus tard dans la nuit, alors que je dormais, tu t’es occupée de moi, et je me suis réveillé juste avant le moment culminant…

Le restant de la nuit, un des souvenirs les plus tendres et les plus heureux de ma vie dormait à côté de moi. Du petit-déjeuner le lendemain, je ne me souviens que des confitures sur la table.
Je t’avais retrouvée, là était l’essentiel.

Tu sais, Véronique, j’ai toujours gardé en moi, et encore aujourd’hui, un océan d’amour pour toi.
Il est là, vaste, profond, parfois agité…
Mais patient.

Et patient, je le suis toujours, même si les décennies ont filé.
Internet est né entre-temps, Facebook a rapproché les distances…
et les SMS peuvent parfois être maladroits.

 

Je ne sais pas ce que tu feras de ce message — j’en garde une copie.
Mais moi, je voulais te le confier, comme on laisse un secret au creux d’une main aimée.
Pas pour revenir en arrière, pas pour bouleverser ta vie.
Juste pour te dire que ce que j’ai ressenti pour toi n’a jamais vraiment disparu.
Il a traversé le temps : silencieux, fidèle, intact.

Et si un jour ton cœur se tourne vers moi, ne serait-ce qu’un peu,
je serai là.

Je n’ai rien oublié. Ni toi, ni ton rire, ni le goût de tes silences —
ceux partagés dans le minibus, aux retours d’Italie,
ou dans ces véhicules de safari, où tes pensées déjà s’éloignaient.

Mes mauvaises impressions sur toi se sont effacées.
J’ai encore tant d’amour à t’offrir — doux, patient, sans exigence.

Tu es, et tu restes, mon évidence.

Je t’embrasse comme on embrasse un souvenir précieux,
comme nous nous sommes embrassés — avec gourmandise et abandon.

Et qui sait… peut-être, un jour, ta promesse de rester ensemble renaîtra.

Lors de notre dernière sortie en Hollande, même si j’avais déjà des doutes,
je t’ai prise de nombreuses fois dans mes bras.

Nous avions discuté, allongé dans le lit, d’une belle décoration pour notre future chambre, inspirée de celle de l’hôtel,
et tu m’avais dit, avec beaucoup de conviction, que tu m’aimais.

Tu m’as dit, alors que je te soulevais dans mes bras :
« Oui, Jan, je t’aime !! »
C’était sorti de ton cœur, sans détour, avec beaucoup de sincérité. Rappelle-toi.


 

 

Revenons ensemble.

Je ne parle pas seulement de nous deux, mais de tout ce qui compose la vie autour de nous.
Il y a moi, bien sûr, mais aussi mon autiste bien-aimé, la famille — toujours prête à t’accueillir à bras ouverts, avec le même amour qui nous lie depuis toujours,
et ce grand cercle d’amis, fidèles et chaleureux, qui n’a jamais cessé de penser à toi et à ce que tu représentes pour nous tous.

Des rendez-vous importants nous attendent.

Je veux que tu saches que le passé douloureux, avec ses ombres et ses silences, reste désormais là où il doit être: derrière nous avec un pierre dessus.
Je ne reviendrai plus le ressasser, ni te le rappeler.

Car ce qui compte aujourd’hui, c’est ce que nous pouvons encore construire  — ensemble, dans la douceur, le respect, et cette patience qui n’a jamais quitté mon cœur.

Je t’offre un futur possible.

Un avenir fondé sur la confiance, l’écoute, le plaisir partagé.

Tu le sais, je te l’ai souvent dit : ce qui est à toi restera tien, et ce qui est à moi t’appartiendra aussi.
Un futur où l’on pourra s’aimer simplement, sans contraintes, sans regrets.

Avec toute la tendresse que j’ai pour toi. Je suis pret.

 

Jan, ton chum.
Jan, ton cowboy.
Jan, ton champion.

 

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